C’est l’heure de l’Inde pour les montres suisses

L’Inde, un pays à la croissance aussi ponctuelle qu’une montre suisse. C’est ce qui ressort d’un rapport du géant du conseil Deloitte. Selon l’analyse Deloitte Swiss Watch Industry Study 2023, l’industrie horlogère suisse établit de nouveaux records d’exportation et confirme sa transformation significative. Après une année 2022 solide, avec des exportations horlogères atteignant un niveau sans précédent de près de 25 milliards de francs suisses, la forte croissance s’est poursuivie au cours des huit premiers mois de cette année. Malgré l’essor du commerce électronique, 62 % des marques s’attendent à ce que les ventes en magasin dominent au cours des cinq prochaines années et prévoient d’étendre leurs opérations de vente au détail. Et dans ce panorama, l’Inde constitue le marché à fort potentiel pour les années à venir. Au cours des huit premiers mois de 2023, le sous-continent a enregistré une augmentation des ventes supérieure à la moyenne de 18% et devrait entrer dans les dix principaux marchés d’exportation suisses d’ici une décennie.

Exportations 
Les dix principaux marchés d’exportation de la Suisse ont poursuivi leur trajectoire de croissance au cours des huit premiers mois de 2023. Les États-Unis sont toutefois restés le marché le plus important pour les montres suisses, avec des exportations atteignant près de 2,7 milliards de francs suisses, soit une augmentation de près de 10% par rapport à 2022. .
La Chine a également connu une croissance similaire de 9,3 % sur la même période, mais les exportations restent inférieures de 7,5 % aux niveaux de 2021. Les dirigeants de l’industrie horlogère ont des opinions mitigées sur la Chine, avec des prévisions de croissance et de déclin également partagées. Sur les 75 dirigeants interrogés, près de quatre sur dix ont déclaré que la perte de volumes de ventes due à la réduction des voyages des consommateurs asiatiques avait eu un impact sur leur entreprise au cours des 12 derniers mois.

2024
Interrogés sur les perspectives pour les 12 prochains mois, la majorité des dirigeants de l’industrie horlogère suisse jugent les perspectives optimistes tant pour l’économie suisse (60%) que pour ses principaux marchés d’exportation (59%). Toutefois, par rapport aux prévisions économiques, l’industrie est moins confiante quant à ses perspectives qu’elle ne l’était il y a un an. Seule la moitié des participants ont déclaré se sentir positifs (contre 57 % en 2022), tandis qu’un quart ont répondu se sentir négatifs. La plupart des dirigeants ont cité l’incertitude géopolitique (84 %), suivie par l’inflation et la crise du coût de la vie (toutes deux à 69 %) comme principales raisons de ce sentiment. Pour l’année suivante, les top managers considèrent la pénurie de personnel qualifié comme un facteur de risque important. En outre, les fournisseurs ont déclaré qu’ils souhaitaient augmenter à la fois la capacité de production et le nombre de collaborateurs en Suisse.

Analogique et numérique
Le contact direct et en personne entre les marques horlogères et leurs consommateurs finaux via les magasins physiques, les points de vente éphémères et les salons horlogers reste essentiel. Les consommateurs achètent principalement des montres en magasin pour les toucher, les tester et les essayer (52%), tandis que 43% préfèrent le contact avec les vendeurs. En particulier, l’élément relationnel et le contact humain sont pertinents pour les consommateurs européens : Suisse (51 %), France (49 %), Italie et Allemagne (tous deux 48 %). La plupart des marques et des détaillants (62 %) conviennent que les ventes hors ligne continueront de dépasser les ventes en ligne au cours des cinq prochaines années, avec des différences selon les segments de prix. En général, plus la montre est chère, plus le client est susceptible de l’acheter hors ligne. La plupart des marques investissent dans l’agrandissement de leur espace de vente, que ce soit dans des magasins phares ou des points de vente multimarques.

La revanche des foires
Dans un monde numérisé, les salons horlogers restent extrêmement importants : neuf dirigeants sur dix les considèrent comme essentiels pour entrer en contact avec des clients potentiels et élargir leur audience. «L’atmosphère électrisante des salons et des ventes aux enchères horlogères, ainsi que l’expérience de l’esprit de la marque en magasin, ne peuvent être reproduites dans l’espace numérique. Cependant, avec les recommandations personnalisées et les achats instantanés via des applications connectées et des options de paiement mobile, la vente sociale deviendra un sous-canal clé pour le secteur. Déjà bien implanté en Asie, le commerce social transforme le temps passé devant un écran en une expérience d’achat enrichissante », déclare Karine Szegedi, responsable du secteur Consommation, Mode et Luxe chez Deloitte Suisse.

L’Inde en plein essor
Les dirigeants identifient massivement l’Inde comme le prochain grand marché de croissance pour l’industrie horlogère, le pays devenant pour la première fois la réponse la plus citée à cette question. Au cours des huit premiers mois de 2023, l’Inde a enregistré une saine croissance de ses exportations, avec une valeur atteignant 133,7 millions de francs suisses, soit une augmentation de 18,5% par rapport à la même période de l’année dernière et une augmentation de près de 60% par rapport aux huit premiers mois de 2023. 2021.
Les réponses des consommateurs donnent une idée de pourquoi. Parmi les personnes interrogées, 94 % des participants indiens étaient plus susceptibles de porter une montre, un pourcentage qui n’était égalé que par les Émirats arabes unis. Alors que les statistiques actuelles placent l’Inde au 22ème rang mondial pour les exportations horlogères suisses en termes de valeur, l’industrie estime que cela va changer. « L’Inde est un marché fascinant. La base de consommateurs est non seulement vaste, mais elle est également de plus en plus aisée et apprécie le luxe, des qualités qui attirent l’attention de l’industrie. D’ici 2028, nous prévoyons que les exportations de montres suisses vers l’Inde dépasseront les 400 millions de francs suisses. Et nous pensons que l’Inde fera son entrée dans le top 10 des marchés d’exportation suisses d’ici dix ans», explique Szegedi.

L’heure de la durabilité
Comme les années précédentes, la durabilité reste cruciale pour l’industrie horlogère, mais la motivation a changé, ajoute Szegedi : « L’enquête révèle un changement crucial. La durabilité est passée d’une demande axée sur les consommateurs à une mission axée sur l’industrie. Plus des deux tiers des participants indiquent que le développement durable fait partie de leur stratégie commerciale et investissent dans des domaines tels que la circularité ou les structures de gouvernance. ” Pour les marques, l’or éthique certifié (86 %), les matériaux recyclés (76 %) et les alternatives au cuir. (74%) joueront un rôle très important ou important dans les cinq prochaines années : 34% choisiraient une montre produite par une marque axée sur la durabilité, tandis que seulement 25% préféreraient une marque centrée sur son image.